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2006 (Eric La Blanche / Eric La Blanche) Depuis le temps qu’il accapare les ondes j’avais fini par croire que ce gars était immortel, comme un genre d’organe officiel et qu’on était tous condamnés, toute notre vie à l’écouter un peu comme en Corée du Nord sauf qu’aujourd’hui Johnny est mort Le président, l’air solennel décréta le deuil national puis l’on fit donner les sirènes pour les défuntes cordes vocales, Une queue de grande longueur, digne de l’organe du chanteur S’étirait à travers les rues, la ville entière s’était tue aujourd’hui ça ne va pas fort car aujourd’hui Johnny est mort c’est un jour bizarre aujourd’hui c’est la faute à la mort à Johnny Et devant la chapelle ardente - comme Johnny quand il chante - Se pressait la foule amoureuse de la star enfin silencieuse Mais bientôt il y eut des cris et soudain ce fut l’anarchie Une robuste bousculade rendait hommage au dieu du stade Le ton commençait à monter mais faute de sièges à casser Le public s’en prit à lui-même en vociférant « que je t’aime » Même morte la vivante idole soufflait l’esprit du rock’n’roll Et beaucoup rejoignirent Johnny pour un concert au paradis aujourd’hui ça ne va pas fort car aujourd’hui Johnny est mort mais c’est un honneur d’être ici et d’être mort avec Johnny Dans l’émeute je t’ai remarquée, radeau perdu dans la marée Avec tes yeux un peu moqueurs, ballottée comme moi par erreur Alors je me suis approché, je t’ai dit « Johnny, vous aimez ? » Tu m’as dit « j’en ai rien à faire » et tu as commencé à me plaire J’avais un peu peur qu’on t’entende, qu’on nous insulte ou qu’on nous pende Il n’y a que les mauvais français qui n’aiment pas Monsieur Halliday Je t’ai dit de parler moins fort et on est partis sans remords Puis je t’ai offert un café et aujourd’hui je t’aime encore ce jour-là ça n’allait pas fort ce jour-là Johnny était mort ça n’allait pas fort ce jour-ci heureusement, on s’est repris |